• Bonjour,
    Aujourd'hui je prends un peu de temps pour revenir sur les différentes progressions que j'ai suivies au cours des dernières années.
    Je vous propose ma réflexion, les choix que j'ai fait cette année, les questions qui perdurent et les changements que j'envisage.

    1) L'ordre des notions pré-requises dans la progression.
    Tout d'abord, un premier point sur lequel j'ai beaucoup fait de bêtises et sur lequel j'ai beaucoup appris ces deux dernières années : 
    pour débuter en conjugaison, il faut déjà avoir des pré-requis !
    A partir de là, une question a émergé dans la préparation de mon année :
    Quelle progression établir et suivre, avant d'aborder la conjugaison ?

    Souvent dans les méthodes, on insiste sur l'importance de savoir trouver le verbe et son sujet.
    Soit. C'est ce que j'ai fait.
    Etant débutante, j'ai suivi des méthodes ou des progressions, en travaillant très rapidement sur le fait de trouver le verbe, puis trouver le sujet.
    J'ai commencé rapidement les leçons de conjugaison, pour ne pas traîner, compter sur la répétition des notions pour favoriser la mémorisation chez nos petits élèves.
    Et puis, en commençant la conjugaison, je me suis rendue compte très rapidement que mes élèves ne savaient pas ce que voulaient dire ces "je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles".

    Les difficultés rencontrées la plupart du temps sont :
    - l'impuissance des élèves face aux pronoms elle et on, qui ne sont pas toujours écrit dans les tableaux de conjugaison. 
    - la méconnaissance des conjugaisons à l'oral des verbes courants avec les pronoms nous et vous.
    - la difficulté à jongler entre les sujets "pronoms", "groupes nominaux" ou "noms propres", et le remplacement d'un nom par un pronom. Cela vaut pour les pronoms très courants il - elle / ils - elles, mais aussi pour nous et vous, qui sont moins utilisés à l'oral.

    Je peux vous jurer qu'on se retrouve légèrement con quand, se retrouvant en classe, devant ses élèves, on voit que la progression qu'on suit n'est pas du tout adaptée.
     
    Pour moi, donc, trouver le verbe et le sujet n'est pas la notion la plus "pressée", il me semble qu'il est plus important d'apprendre déjà ce qu'est un pronom.

    Parce que conjuguer, c'est possible même quand on ne sait pas que "les chats" est le sujet de "mangent".
    On cherche à savoir écrire correctement "mangent" et on entend "mange". On n'a pas besoin de se poser la question à chaque fois "Mais tiens donc, qui est-ce qui mange ?" bah ce sont "les chats" bien sûr !
    Cette notion n'est utile que plus tard, dans des cas complexes avec sujet et verbe inversés, participes passés qui s'accordent ou non avec le COD... Pas avec des phrases simples.

    Par contre c'est très difficile quand on a "les chats" et qu'on n'a pas appris à remplacer ce GN par "ils" avec un -S.

    Premier élément très important pour moi : placer l'étude des pronoms personnels sujets dans le début de ma progression, pour avoir le temps de faire comprendre leur rôle (désigner une personne, mais surtout remplacer un GN) et travailler sur le remplacement d'un GN par un pronom.

    Cette année, j'ai commencé en grammaire par cette leçon.
    Je n'y ai vu que des bénéfices :
    - petits mots faciles à déchiffrer (ils permettent de revoir rapidement le graphème OU)
    - introduction intuitive de la notion de sujet : de qui on parle dans cette phrase ? qui fait l'action ?
    - introduction tôt dans l'année de la notion de masculin - féminin, avec différence entre il et elle.
    - distinction tôt dans l'année entre il-elle et ils-elle (donc vigilance sur les pluriels rencontrés)
    - travail rapide sur le remplacement par un pronom, en particulier il-elle / ils-elles. J'ai également abordé nous - vous, mais j'ai bien vu que ça demeurait très difficile pour la majorité de mes élèves de CE1.

    2) La progression des temps abordés.
    Deuxième question qui se pose pour moi : quelle progression adopter ?

    Encore une fois, on se heurte à des "lieux communs" qui sont répandus par telle ou telle méthode très en vogue.
    Mais a-t-on vraiment réfléchi à la pertinence de la progression proposée ?
    La plupart du temps, en CE1, les progressions proposent de commencer par le présent, puis d'enchaîner sur le futur,  puis l'imparfait, et enfin, un peu "comme je te pousse" et "si on a le temps" on voit le passé composé.

    Suite à des discussions sur facebook et avec ma / mes collègues de CE1, j'ai interrogé cette progression.

    * Le présent
    Tout d'abord, on sait que le présent est le temps le plus utilisé, à l'oral comme à l'écrit.
    Tant pour les verbes irréguliers (être, avoir, aller, faire, dire).
    Mais c'est aussi le plus difficile car deux modèles possibles pour les verbes dits "réguliers"
    en -S -S -T pour la pour la plupart des verbes, en -E -ES -E pour les verbes en ER.
    Et c'est également celui où les verbes courants (être avoir aller venir voir dire faire vouloir pouvoir prendre) sont les plus irréguliers. Les programmes demandent de familiariser les élèves avec les verbes irréguliers cités ci-dessus (seulement au présent), ce qui représente un temps assez conséquent.

    * Le futur.
    Ensuite, on voit souvent le futur comme deuxième temps.
    Cependant, là encore, même si sa formation est "simple", elle ne correspond pas à la technique traditionnelle (vue avec le présent par exemple) d'enlever la terminaison de l'infinitif, puis de la remplacer par la terminaison.
    Ce n'est pas dans la continuité des apprentissages commencés. On voit de nouveau une nouvelle "technique", alors qu'on a déjà eu tant de mal à faire comprendre la 1ère à nos élèves, pendant 2 à 3 périodes.

    La conjugaison au futur est relativement facile. Le futur se forme à partir de l'infinitif, soit ER, soit IR, soir RE, auquel on ajoute les terminaisons.
    Une collègue proposait donc de commencer l'année par le futur, afin de réinvestir l'apprentissage sur le verbe et son infinitif.
    Cela permet également de distinguer plusieurs types de verbes, ceux en ER et ceux en IR. On ne parle plus de "groupes" car ce n'est plus dans le programme, toutefois les observations sur les différents infinitifs sont très importantes pour la suite.
    Je trouve donc cette proposition assez pertinente.

    * L'imparfait.
    C'est un temps facile également, car les terminaisons ne changent pas.
    De plus c'est le temps le plus utilisé dans les textes lus : contes et autres récits, albums.
    L'avantage de l'imparfait est de respecter la technique : enlever la terminaison de l'infinitif et ajouter celle de l'imparfait.
    Il est donc plus proche du présent. Il me semble judicieux d'enchaîner l'apprentissage de ces deux temps.

    * Le passé composé
    C'est le temps le plus utilisé spontanément par les élèves, à l'oral et à l'écrit.
    Il est aussi très intéressant car il permet de revoir les verbes être et avoir, qui sont ici employés comme auxiliaires.
    On se limite en général aux verbes en ER, qui forment un participe passé en é.

    Toutefois, le passé composé est relativement difficile du fait du participe passé : sa terminaison en é, qui se confond avec la terminaison de l'infinitif en ER.
    Et également, en production d'écrit, l'accord du participe passé. Bien que dans les exercices, on essaie soit de ne pas confronter les élèves aux accords, soit d'étayer en écrivant par exemple le participe passé, déjà accordé. (--> Elle est venue. --> Ils sont partis.)

    Il me semble donc qu'il est intéressant de le voir en fin d'année, assez éloigné dans le temps de l'étude de l'infinitif, et quand les élèves ont un peu grandi et qu'ils peuvent comprendre que le verbe a plusieurs formes :
    l'infinitif en ER / IR / RE, et le participe passé en é / i / u et autres...

    Je ne sais pas s'il serait plus intéressant de le voir tout de suite après le présent, ou en laissant un peu de temps entre les deux, pour rebrasser les verbes être et avoir.


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