• Production d'écrit CE1 hétérogène - novembre décembre

    Après un début d'année plutôt laborieux en production d'écrit, je vous livre ici quelques évolutions, quelques réflexions, quelques éléments sur ma manière de procéder pour faire progresser mes élèves.

    Comme je l'ai expliqué dans un précédent article, dans une classe de CE1 avec des niveaux très hétérogènes, je souhaite donner à chaque enfant un travail à sa mesure, ce qui n'est pas mince affaire quand certains, en complète autonomie, n'encodent pas un mot, alors que d'autres produisent 6-7 phrases avec beaucoup d'imagination. Entre deux, des élèves qui produisent. Mais pas toujours des phrases, pas toujours quelque chose de compréhensible, et si c'est compréhensible par une maîtresse, pas toujours correct syntaxiquement, pas toujours segmenté en mots, pas avec tous les mots, pas avec la bonne orthographe.

    Je pars d'une activité très connue : une image à décrire.
    Plus tard il s'agira de plusieurs images séquentielles.
    Pour l'instant j'utilise les images du site Récréatisse (jogging d'écriture CE1 )

    Tout dans cette activité repose sur l'explicitation de la tâche, la mise en projet de l'élève, l'anticipation, .
    On lui fournit des aides, on lui montre comment il fera quand il devra faire tout seul.
    On lui donne des techniques, des stratégies, bref on étaye, on lui donne les clés principalement en amont, pour que plus tard, bientôt, il parvienne à faire seul ce qu'on aura fait d'abord tous ensemble, puis avec l'aide de quelques camarades dans un groupe où chacun essaye d'avancer, et l'aide de la maîtresse.

    Nous commençons donc par installer les bases, en début d'année, d'abord collectivement.

    Début d'année - septembre - octobre
    En début d'année, les élèves avaient des mots à remettre dans l'ordre pour former un phrase.
    Après quelques séances où tous les élèves avaient les étiquettes mots, je l'ai proposé seulement aux élèves qui le souhaitaient. Ceux qui étaient à l'aise pour se lancer et écrire sans étiquettes le faisaient directement. Dans tous les cas, même ceux qui avaient les étiquettes devaient, en plus, produire une autre phrase tout seuls.
    Cette étape sera à revoir car ça n'a pas été un succès. Les élèves peu entrés dans la lecture ne parvenaient pas à remettre les mots dans l'ordre. Je pense qu'il serait plus efficace de prendre les élèves qui ont des difficultés en petit groupe dirigé, plutôt que de les laisser remettre les mots dans l'ordre en autonomie.
    D'autres se contentaient d'ordonner les mots, mais ne passaient pas à la phase de production d'une phrase.

    Réajustements : Novembre - décembre
    A partir des grandes difficultés que mes élèves rencontrent, je vous livre mes solutions :

    * Certains ne se lancent pas, ne savent pas quoi écrire. 
    --> Un temps consacré en début de séance pour faire des phrases à l'oral.
    Un temps assez long pour observer finement une image, donner des détails qui permettent d'enrichir les productions et de ne pas se contenter d'une seule phrase simple. Permet aussi de donner de la matière à penser à ceux qui peuvent écrire en autonomie.

    * Certains écrivent avec une mauvaise segmentation des mots, ils ne séparent pas correctement.
    --> Travail au préalable sur la phrase et la segmentation, en dictée et en production d'écrit.
    Je m'inspire de la méthode de Catherine Huby (blog Bienvenue chez les ptits) : production d'une phrase collective, en partie en dictée à l'adulte.

    * Aide orthographique - écrire juste
    --> Lexique donné
    Il ne restera à réfléchir qu'aux mots qui ne sont pas dans le lexique.

    * Certains élèves sont perdus, ne savent pas produire une phrase à l'oral et la transcrire à l'écrit.
    --> petit groupe de besoin


    Je m'inspire de la méthode de Catherine Huby --> voir ici
    http://doublecasquette3.eklablog.com/ce1-redaction-collective-d-une-phrase-a147404332

    Elle fait des productions collectives très guidées dans un premier temps, afin de donner à voir, d'expliciter toutes les stratégies, que les élèves utiliseront ensuite individuellement.
    Puis elle passe à des production individuelles. --> Voir 


    et de la méthode de Zaubette CP --> voir ici et  et encore 
    http://www.zaubette.fr/production-d-ecrits-au-cp-c-est-parti-a126919620

    http://www.zaubette.fr/premieres-productions-d-ecrits-au-cp-a119112728

    http://www.zaubette.fr/production-d-ecrit-au-cp-vers-moins-de-guidance-a182779098

    Elle fait des productions d'écrit individuelles avec des étiquettes pour représenter les mots.

    La séance commence par un échange collectif à l'oral sur l'image ou les images séquentielles.
    Nous observons et commentons l'image.
    Nous lisons collectivement le lexique, qui permet aux élèves de savoir quels mots ils pourront utiliser très facilement.

    Après la phase collective, les élèves rédigent individuellement 3 à 5 phrases.
    Je choisis un minimum de 3 phrases pour me laisser le temps de travailler avec mon petit groupe.
    Les élèves en autonomie colorient l'image.
    Après ce temps, ils viennent se faire corriger à mon bureau, puis repartent à leur place pour corriger / recopier les erreurs que j'ai pointées.

    Pendant ce temps, je prends un petit groupe d'élève.
    1) Dans une première phase, ils produisent une phrase collective, avec mon aide.
    Ils choisissent la phrase qu'ils vont tous écrire. On part de la proposition d'un élève, en général assez simple, et chacun ajoute ou corrige de manière à obtenir une phrase un peu plus riche.
    Ex : Le chien sur la niche. --> Le chien est dans la niche. --> Non, le chien est couché devant la niche. --> Le petit chien dort devant la niche. Ils la répètent une fois.

    2) Segmentation de la phrase et compréhension de ce qu'est une phrase = séparée en mots :
    Sous leur dictée, je trace le squelette de leur phrase (des traits de la longueur des mots) sur une grande feuille / sur un tableau / sur une ardoise. J'attend qu'ils dictent lentement la phrase, en segmentant bien les mots, en attendant que je trace les traits. Cette activité permet de leur faire comprendre que chaque trait correspond à un mot, que la phrase n'est pas une suite orale de sons.
    On peut aussi travailler avec des jetons, des étiquettes papier ou plastifiées. Personnellement je travaille avec les traits par facilité, parce que cela me permet de faire écrire n'importe quand, sans avoir besoin de préparer le matériel. D'ailleurs quand les élèves écrivent seuls (dictée, production) je préfère qu'ils ne soient pas habitués à avoir obligatoirement des étiquettes préparées par la maîtresse.

    Ensuite, ils redisent la phrase ensemble, en pointant simultanément le trait pour chaque mot. J'interroge deux ou trois élèves pour redire la phrase de mémoire en pointant chaque mot, avec comme seul appui le squelette de la phrase.

    Dans cette activité, tout est dans l'anticipation !
    Cette étape me semble importante parce qu'elle permet à l'élève de bien mémoriser la phrase et d'être ensuite plus autonome quand il devra écrire seul.
    Lors de la phase suivante, bien que je les aide, la tâche devient  plus complexes et il n'est pas rare que les élèves se "perdent" dans le cheminement de leur pensée. 
    Pour la suite, ils vont zoomer sur chaque mot, s'attarder sur chacun et réfléchir à la manière de les écrire :
    - soit des mots à encoder très facilement, en partie mémorisés : le la je il
    - soit des mots qu'ils connaissent par coeur (petits mots comme elle - un - une - avec - dans), qui ne nécessitent pas un gros effort d'être encodés entièrement car ils sont mémorisés.
    - soit des mots à encoder
    - soit des mots du lexique (mots présentés dans la première phase).

    Vous voyez donc qu'à ce moment, il es important de bien se souvenir de la phrase en entier.
    Après un moment de concentration sur un mot très précis (surtout ceux qui doivent être encodés), l'élève pour passer au mot suivant, a besoin de se remémorer la phrase.
    Ce n'est pas facile pour ces élèves en difficulté, qui ne parlent pas forcément français et produisent parfois une syntaxe et une structure de la phrase incorrecte.


    3) Ils écrivent chaque mot, un par un, sur leur ardoise. On redit la phrase et on commence par le premier mot
    - Certains mots sont dans le lexique (je les laisse chercher, se débrouiller un peu tous seuls pour identifier les mots, je valide leur réponse s'ils le demandent, je corrige si ce n'est pas bon).
    - Certains mots ne sont pas dans le lexique, je leur dis alors qu'il faut les fabriquer. Dans ce cas, ils encodent le mot sur leur ardoise, ils s'entraident, ils comparent, ils se corrigent.

    4) Ensuite ils recopient leur phrase au propre sur leur cahier.

    5) Après cette étape très guidée, je refais exactement la même démarche, mais cette fois chacun écrit sa propre phrase. Ils sont donc un peu plus autonomes. Chaque élève me dit sa phrase, je trace les traits correspondants aux mots sur leur propre ardoise. Ils cherchent ou encodent les mots. Je reste auprès d'eux, pour les aider, mais puisqu'ils sont plusieurs, mon attention est partagée entre eux.
    Je valide et je corrige une fois la phrase écrite sur leur ardoise et ils recopient.
    Ils recommencent la même chose pour une troisième phrase, mais cette fois-ci je les laisse beaucoup plus en autonomie, ils tracent eux-mêmes les traits s'ils le peuvent. Sinon je le fais avec eux, mais ensuite je ne les aide plus.

    3) Enfin, je me détache du groupe de besoin pour me consacrer aux élèves en autonomie.
    A partir de ce moment, je ne suis plus disponible pour mon petit groupe.
    Les autres élèves viennent me voir dès qu'ils ont fini le "contrat" de 3 à 6 phrases et je me concentre sur la correction de leurs phrases. Ils retournent à leur place pour corriger.
    Ils reviennent plusieurs fois si besoin pour les phrases suivantes.

    4) Correction et aide en direct :
    Lorsqu'ils ont fini (lorsqu'ils ont corrigé les erreurs que j'ai pointées), les élèves viennent poser leur cahier sur mon bureau. Je retiens les deux premiers élèves à mon bureau pour les corriger et je renvoie les autres à leur place. Ils vaquent à leur occupation (coin art, rallye copie, lecture, exposé, autonomie). Parfois, ceux qui ont fini vont aider un élève qui a besoin, du petit groupe ou pas.
    Je prends les cahiers dans l'ordre où ils sont posés, je les appelle alors 2 par 2, en prévenant le camarade qui viendra après, puis je corrige alors en direct chaque cahier avec l'enfant. Quand j'ai fini, je redonne son cahier corrigé pour que l'enfant le range.
    Le copain d'après est déjà là, ce qui me permet de ne pas perdre de temps, et j'appelle le suivant pour qu'il se prépare et vienne au bureau. Celui qui est après arrive au bureau et il suit la correction.

    5) Correction après.
    Enfin les élèves "restant", ceux que je n'ai pas corrigés en direct, viennent poser leur cahier ouvert sur ma table, et je les corrige pour le lendemain.
    J'avoue qu'en l'écrivant noir sur blanc, je remarque que c'est injuste pour les "restant" qui n'ont pas pu bénéficier de la correction en direct, alors que d'autres élèves sont parfois venus 2 ou 3 fois et ont eu ma correction afin que leur texte soit parfait. Et bien souvent, ce sont les élèves les meilleurs.

    Catherine Huby propose dans un article une manière de voir tous ses élèves, selon un ordre (toujours le même) afin de ne léser aucun élève.
    En effet, souvent on privilégie les élèves les plus en difficulté (normal, me direz-vous... Hé bien, est-ce vraiment si normal ?) ainsi que les bons élèves, les meilleurs, du fait de leur motivation intrinsèque, leur dynamisme naturel, leur envie de montrer leur travail, leur facilité à créer une relation avec l'enseignant, leur rapidité à faire le travail (ils ont fini en premier donc ils viennent se faire corriger en premier).
    N'est-ce pas profondément injuste ?
    Il est certain que certains élèves moyens, le "ventre mou" comme dirait ma directrice, aurait bien besoin aussi d'aide et pourtant on les voit beaucoup moins que les deux groupes "extrêmes" de nos classes.
     
    Dans sa technique, elle explique que la correction d'un élève profite également à l'élève suivant (qui attend son tour juste à côté) ainsi il entend certaines explications.

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