• Comment être équitable envers tous ses élèves ?

    Petites ou grandes réflexions sur les corrections.
    Comment apporter une correction efficace.

    Et sur la manière de faire participer, solliciter tous ses élèves. 
    Comment assurer l'égalité de tous dans la classe.

    L'horizon commence à s'éclaircir pour moi.

    Première réflexion :
    * Corriger le travail des élèves avec eux, en direct en classe, est plus utile pour eux, car ils voient leurs erreurs et se corrigent tout de suite. Ils ont un feed-back immédiat.
    * Corriger avec eux, c'est bien plus utile que de corriger leur cahier le soir, toute seule après le départ, car le lendemain matin, soyons honnête : on distribue les cahiers, ils regardent vite fait s'ils ont eu des traits et un "tb" ou "b".
    Et puis vite c'est déjà le moment d'écrire la date, il faut se dépêcher pour commencer le travail de ce nouveau jour. Donc notre correction, elle n'a servi à rien pour l'élève.

    Bien sûr cela est aussi un gain de temps de correction pour l'enseignant, mais de mon point de vue, c'est principalement bénéfique pour faire progresser les élèves. 

    Gérer la file d'attente :
    Pourtant, quand on veut corriger en classe, on doit donc gérer la correction des 25 élèves.
    Cela revient soit à gérer une file d'attente qui s'allonge, qui s'allonge, de 5, 6, 10, 12 élèves, qui papotent, qui papotent... on râle, on les renvoie à leur place, et ça recommence, bref c'est l'enfer.
    Ou bien si on limite à 3 élèves, on assiste à "la course". Dès que je finis de corriger un élève, les autres sont en train d'attendre qu'il s'en aille, pour se précipiter en courant à la file.

    Pour gérer la file d'attente :
    Sur les blogs ou sur Pinterest, on voit quelques systèmes :
    Dès qu'on a fini de corriger avec l'élève, on peut demander aux élèves de lever la main et on appelle un ou deux élèves.

    On peut mettre en place un système silencieux, où l'élève s'inscrit tout seul sur une file, un peu comme dans cette photo :D
    Méthode Antillaise pour faire la queue à la poste !


    Cette vidéo
     de Sobelle explique très bien cela. Elle explique également son fonctionnement de correction.

    Un exemple :
    Inscrire son étiquette-main sur le tableau chez L'école des Juliettes.
    http://ecoledesjuliettes.com/des-mains-pour/
    Comment gérer la file d'attente au bureau?
    Cette image vient du site L'école des Juliettes.
    Allez le consulter pour comprendre le fonctionnement !

    Un autre exemple :
    La file d'attente pour les corrections, chez Val10 :
    http://val10.eklablog.com/mon-systeme-pour-la-file-d-attente-a130634978
    File d'attente
    Image tirée du blog de Val10.
    C'est cette version que j'ai choisie dans la classe, n'ayant pas vraiment la place sur mon tableau aimanté pour afficher toutes ces étiquettes.
    Bientôt je mettrai la mienne !

    ***
    Toutefois, même si on gère l'attente des élèves, qui peuvent pendant ce temps vaquer à d'autres occupations et faire des activités en autonomie, se pose une autre question : celle de l'égalité.

    Quand on veut aider les élèves et corriger leur travail en direct en classe, avec eux, on prend en premier les élèves qui ont fini leur travail en premier. Ce sont donc toujours les plus rapides, souvent les meilleurs aussi, qui sont corrigés tout de suite, parfois plusieurs fois car ils ont le temps de retourner se corriger et de revenir montrer une fois qu'ils l'ont fait. Ils bénéficient donc de l'aide de l'enseignant, au détriment des "moyens", des plus lents, et des élèves en difficulté.


    Bien que je consacre, la grande majorité du temps, un long moment aux élèves en difficulté, pour faire avec eux le début de l'exercice, il faut avouer qu'ils bénéficient rarement de la correction de leur travail en direct, et d'un retour sur leur production "tout seul". Pourtant ce sont bien ces élèves qui en ont le plus besoin, et dans un esprit d'équité, on devrait "donner plus, à ceux qui en ont le moins".

    Le pire, c'est peut-être pour ces élèves discrets, ceux qui travaillent assez bien ou ceux qui travaillent moyennement, ceux qui écrivent lentement, bref ceux qui n'ont ni terminé dans les premiers, ni bénéficié d'une aide personnalisée parce qu'ils ne sont pas les plus en difficulté.
    Ceux-là, malheureusement, force est de constater qu'ils passent un peu entre les mailles du filets, ils passent à la trappe et sont corrigés toujours en différé. Ces derniers cahiers qui nous restent le soir.
    Franchement, quand je l'écris, je suis triste de faire ce constat, mais il faut bien être honnête.

    ***
    La question de l'égalité se pose aussi pour la participation orale et les élèves "interrogés".
    En effet, lors des temps à l'oral, certains enfants prennent facilement la parole, parfois aimeraient bien la monopoliser. Certains aiment bien participer mais laissent volontiers la place à ceux qui sont plus dynamiques, Certains aiment s'exprimer largement, exposer leurs idées géniales, mirobolantes et leur pensée flamboyante, en prenant leur temps, en revanche les camarades peuvent vite être lassés et noyés par ce flot d'imagination. D'autres encore sont lents à s'exprimer, perdent leurs mots ou leurs idées.
    Quelques élèves en revanche aimeraient s'effacer et ne jamais être interrogés, parfois on se dit qu'il vaut mieux attendre qu'ils lèvent la main d'eux-mêmes, et parfois on peut attendre longtemps.

    Malheureusement, nous les maîtres et maîtresses, avons tendance à interroger souvent les mêmes élèves, sans nous en rendre compte.
    Même si on n'a pas un chouchou, mais beaucoup d'élèves pertinents, dynamiques, moteurs de la classe qui font toujours avancer vers d'autres horizons, des pitchounes, choupets et choupettes, choupinets et roudoudous, et encore des qui dorment, qu'on doit réveiller, qu'on doit s'efforcer de ne laisser sur le chemin, et des qui sont timides et presque transparents, qu'on ne doit pas oublier, qu'on adore interroger dans nos classes (pas forcément les meilleurs élèves d'ailleurs).
    D'ailleurs il a été montré que les maîtres et maîtresses donnaient plus souvent la parole aux garçons qu'aux filles, sans que ce soit conscient non plus.

    Pour déjouer ça, il faut bien quelques astuces.
    Pour y remédier et y réfléchir :

    * De nombreux articles de Catherine Huby insistent sur les "tours" des élèves interrogés.
    En particulier ses articles sur la lecture et la lecture à voix haute.
    Mais aussi celui sur la correction par rotation, que je ne saurais trop vous conseiller pour changer de regard.

    * Suite à cet article chez Graines de Livres et avec le recul sur ma pratique cette année, j'ai imaginé une modalité de production d'écrit avec aide coopérative.
    Dans cette manière de faire, je m'occupe seulement d'un groupe par séance, les autres sont en autonomie. Toutefois contrairement à ce que je faisais, c'est à dire prendre toujours le même groupe de besoin, je fais tourner les groupes de manière à voir plus d'élèves. Dans l'idéal voir tous les élèves sur la semaine ou sur 2 semaines.
    J'en parlerai dans un autre article.
    J'ai essayé cette modalité cette année et surtout au retour en classe après le confinement.
    C'est à affiner, mais les élèves ont bien accroché et, malgré la possibilité de coopérer, ils ne s'en sont pas pour autant donnés à coeur joie pour bavarder ou demander de l'aide à tout-va à leur groupe.

    Le choix des groupes d'élèves est à mon avis très important et à revoir.
    Lors de la production d'écrit, j'essayerai cette année de me contraindre à corriger 2 groupes sur chaque temps.

    Une autre piste matérielles :
    Les bâtons (abaisse-langue ou bâtonnets de glace, pour les amateurs, moi je ne mange pas d'esquimau !)
    Chez L'école des Juliettes par exemple
    http://ecoledesjuliettes.eklablog.com/a-chacun-son-tour-a115349646
    A chacun sou tour

    Ou une super idée et une réalisation rapide, encore chez Val10 :
    http://val10.eklablog.com/etiquettes-equitables-c26374764 

    Dans sa version, il y a des étiquettes à piocher pour plusieurs matières, ce qui est pratique par exemple en lecture à voix haute, ou en débat philo, si on veut continuer le lendemain ou la semaine suivante.

    Etiquettes équitables
    Image tirée du blog de Val10.
    J'ai repris sa trame pour faire mes étiquettes, allez y faire un tour !!!

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